À l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles dans la science, la conférence Closing the Gender Gap in Science : Accelerating Action s’est tenue le 9 février à l’UNESCO, en collaboration avec l’Association fédérative nationale des étudiants universitaires scientifiques (AFNEUS).
La conférence a été ouverte par Lidia Brito, sous-directrice générale de l’UNESCO pour les sciences naturelles, qui a souligné l’urgence de combler le fossé entre les hommes et les femmes dans le domaine des sciences, puisque les statistiques confirment que les femmes ne représentent qu’un tiers de la population. Citant la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, l’ADG Brito a souligné que « la science a besoin des femmes et le monde a besoin de la science », car ce fossé n’est pas seulement un obstacle pour les femmes, mais aussi une limitation pour le progrès scientifique et le développement mondial.
Au cours de la conférence, les causes et les solutions possibles ont été analysées. Des contributions importantes ont été apportées par Ana Persic, chef de la section des politiques de l’UNESCO en matière de science, de technologie et d’innovation, et par plusieurs gagnantes du prix L’Oréal-UNESCO Pour les femmes et la science, qui ont partagé leurs expériences en tant que jeunes femmes scientifiques ; des étudiants du monde entier se sont connectés en ligne et des professionnels spécialisés dans le domaine de la science ou du décalage entre les hommes et les femmes ont également pris la parole.
La réunion a révélé que les principales causes du problème sont les facteurs sociaux et les barrières systémiques. En effet, les normes sociales et culturelles ont conduit à stéréotyper le rôle du scientifique dans le genre masculin, comme l’ont souligné Ana Persic et Sunshine De Caires, technicienne en sciences du sol à l’Université des Antilles, et lauréate du prix L’Oréal-UNESCO dans la région des Caraïbes en 2023.
D’autres problèmes se posent dans les environnements éducatifs d’abord, puis sur le lieu de travail, qui perpétuent ces stéréotypes culturels, rendant ainsi les environnements scientifiques inadéquats pour soutenir les femmes, par exemple pendant et après la maternité, comme l’ont fait valoir Marielza Oliveira, directrice de la division de l’UNESCO pour l’inclusion numérique, les politiques et la transformation, et Khaled Machaca, doyen associé principal pour la recherche, l’innovation et la commercialisation à la Weill Cornell Medicine, au Qatar.
Enfin, la question du manque de modèles pour les jeunes femmes scientifiques en herbe a été soulignée. La Sénégalaise Salma Sylla Mbaye, par exemple, a souligné l’importance pour les filles d’avoir des exemples à suivre dans ce domaine, des personnes dont les carrières les inspirent, comme le souligne Bria Macklin, également lauréate du prix L’Oréal-UNESCO 2023, originaire des États-Unis.
Plusieurs solutions nécessaires pour combler le décalage entre les hommes et les femmes ont été discutées au cours de la journée. Tout d’abord, l’importance de la collecte, du contrôle et de l’évaluation périodique des statistiques et des données sur le sujet a été mentionnée, ces dernières s’étant considérablement améliorées ces dernières années.
Afin de surmonter les stéréotypes de genre dans les sciences, des méthodes éducatives inclusives et innovantes ont été discutées, telles que l’inclusion d’histoires de femmes scientifiques dans les manuels scolaires et la création de prix et de bourses pour les jeunes femmes qui s’engagent dans les sciences, comme l’a suggéré Aisén Etcheverry Escudero, ministre de la science, de la technologie, de la connaissance et de l’innovation du Chili.
Il est également nécessaire d’investir davantage dans la formation des enseignants et des étudiants, un thème cher à Stéphanie Hamon, vice-présidente chargée de la vie étudiante et de la qualité de vie au travail à la faculté des sciences et technologies de l’université de Lille. Mme Hamon a présenté les efforts de son université, qui a organisé des cours de sensibilisation pour les étudiants sur ce thème.
Enfin, la nécessité d’une action collective globale impliquant les communautés, les écoles et les parents a été soulignée. Plusieurs personnalités participant à la conférence ont insisté sur ce dernier point, comme Justine Sass, responsable de la sélection de l’éducation pour l’inclusion et l’équité des genres, UNESCO, et Maria Begona Lasagabaster, directrice de la division sur l’équité des genres, UNESCO.
Des conférences comme celle-ci peuvent également être l’occasion de sensibiliser l’ensemble de la communauté à cette question, qui n’est pas encore totalement impliquée, comme l’a montré la composition de l’auditoire, presque exclusivement féminin.