Monsieur le Président du Conseil Exécutif, Madame la Présidente de la Conférence Générale, Madame la Directrice Générale, Chers Collègues,
Permettez-moi une réflexion. Les grands défis contemporains relèvent pour l’essentiel du mandat de l’UNESCO: la fracture des inégalités, le défi écologique, le bouleversement technologique, dans un cadre où la nécessité de promouvoir le droits de l’homme, la liberté d’expression et le dialogue interculturel, deviennent prioritaires. Il s’agit d’un mandat très vaste. Mais il ne faut pas renoncer à ce défi: il faut au contraire affirmer le rôle que l’UNESCO peut et doit jouer, avant tout dans sa fonction de laboratoire d’idées et de plateforme de partage d’expériences et de bonnes pratiques.
Il y a trois mots clé: priorités; intersectorialité et Agenda 2030.
Nous devons travailler ensembles sur des priorités d’action, afin de revenir à l’essentiel du rôle de l’UNESCO, mais en l’enrichissant par des réponses nouvelles aux défis contemporains. Madame la Directrice Générale nous a présenté sa vision avec passion, dont nous la remercions. La parité dans l’accès à l’éducation, les défis de l’Intelligence Artificielle, les grands projets de reconstruction sociale et culturelle constituent des voies d’actions que nous soutenons.
Nous partageons l’engagement pour le futur de l’éducation et la science ouverte.
UNESCO doit être aussi culture. Nous avons la responsabilité de réaffirmer l’importance de la protection du patrimoine que nous tous partageons: patrimoine culturel, dans toutes ses formes et patrimoine naturel.
La réalité nous montre qu’il y a toujours une urgence à laquelle faire face: il faut continuer à réfléchir ensemble sur des mesures concrètes pour renforcer la capacité de l’UNESCO de classer, protéger et valoriser le patrimoine de toute l’humanité, de façon inclusive et représentative, ainsi que de lutter contre le trafic illicite des biens culturels.
La proposition de convoquer un forum des Ministres de la Culture fournira l’occasion pour réfléchir sur l’importance des politiques culturelles, ainsi que sur le positionnement transversal de la culture dans l’Agenda 2030, à partir du rôle crucial des industries créatives. L’Italie est prête à contribuer à cette réflexion.
Ces priorités d’action peuvent être poursuivies par une approche transversale dans tous les domaines d’action de l’Organisation. La structure multi-sectorielle de l’UNESCO représente un avantage comparatif majeur en vue de la réalisation des objectifs de développement durable, qui sont interdépendants.
Des résultats ont été déjà achevés pour dépasser la structure «en silos», grâce à la Transformation Stratégique que nous soutenons. Il est indispensable de continuer cette approche «synergique», qui nous permet d’optimiser les ressources humaines et financières.
Il y a d’ailleurs dans l’Organisation des piliers autour des quels on doit construire cette approche intersectorielle. Je pense tout d’abord aux deux priorités que l’UNESCO s’est donnée: Afrique et égalité des genres.
Je pense aussi à d’autres créneaux: le Plan d’action de l’UNESCO pour les Petits États insulaires, qui a récemment fait l’objet d’une session d’information très appréciée. On peut mentionner aussi la stratégie menée par le Secteur Culture pour les villes créatives, qui seront d’ailleurs réunies en Juin prochain à Fabriano en Italie, ainsi que l’approche thématique de la prochaine Conférence internationale sur l’eau à laquelle l’Italie participera activement.
La proposition de l’Italie visant à renforcer les liens entre nourriture, culture et éducation, soutenue par un nombre important de Pays, que nous remercions vivement, s’inscrit dans ce souci d’enrichir la coopération intersectorielle.
L’approche transversale caractérise l’action de l’Organisation dans le domaine cruciale de l’Education. L’engagement pour l’éducation des filles et des femmes répond parfaitement à la priorité «genre» de l’UNESCO. Dans ce même secteur, l’Italie participe activement à l’élaboration du texte de la Convention mondiale sur la reconnaissance des qualifications de l’enseignement supérieur.
Transversalité signifie aussi travailler de façon intégrée entre les différentes entités de la famille UNESCO. En octobre 2018 le Centre de catégorie II pour la Recherche Scientifique Fondamentale de l’Afrique de l’Est, basé à Kigali en Rwanda, a pu lancer son premier Master en physique, grâce au soutien de l’ICTP, l’institut de catégorie 1 basé à Trieste: ce cas nous rappelle qu’il faut raconter l’UNESCO aussi à travers des histoires de succès.
Permettez-moi un dernier constat. On parlera dans cette session des ressources à attribuer à l’Organisation. L’Italie est prête à faire ce débat, on entend souvent parler de donateurs et de bénéficiaires. A l’UNESCO, je crois qu’on peut dire qu’on est tous bénéficiaires: bénéficiaires des valeurs, des inscriptions de nos territoires dans les Listes, bénéficiaires des échanges d’idées et d’expériences que seule cette Organisation nous permet. Préservons donc ces valeurs et travaillons ensemble sur ces idées novatrices, car c’est là que l’UNESCO peut et doit encore faire la différence, face aux inégalités qui encore nous troublent. C’est ça la raison pour laquelle nous devons investir dans le futur de l’UNESCO.
A la base il y a toujours des personnes : merci à tous ceux qui, ici au Siege et sur le terrain, travaillent pour diffuser les valeurs de l’UNESCO. Merci à l’engagement des personnes qui ne sont plus avec nous comme l’archéologue italien Sebastiano Tusa, et une pensée aussi à toutes les personnes auxquelles l’UNESCO essaie de donner une voix.
L’Italie souscrit pleinement au discours qui sera prononcé par le représentant de l’Union Européenne. Merci Monsieur le Président.